Ma vie au Guidon (Coup de gaz)

Ma vie au guidon

LINTRO 

Voici l’histoire de ma première vie. Ma première vie au guidon, moi fils d’un taxi – moto (Zem) qui a bravé les nuits de Cotonou pour me pousser jusqu’à l’université. Moi qui gaze, moi qui freine sans gazer, moi qui ralentit, moi qui court encore après ce que je n’ai pas eu et qu’on m’avait promis. Qui me l’avait promis  d’ailleurs?

Ce n’est rien de grand, ce n’est rien de grave. un jour j’avais une moto…c’est tout. chaque soir je me la racontais ,cette moto , jusqu’au jour où  mon rêve autrefois accroché à son guidon s’est surpris entrain de prendre corps et vie. et il est devenu réel —mon rêve— parce que ma moto est devenue réelle.

Voici ma vie au guidon.

 

# Virage un

(Patience…les amis. je suis un gros paresseux. Pardonnez ma patience.) mais vous le savez. Toute chose qui se prépare bien…énerve ceux qui l’attendent. bonne nuit.

 

Coup de gaz 1

Il y a quelques années en arrière quand j’avais acquis mon premier véhicule à deux roues, j’avais accompli un midi, l’exploit de la rouler et de dépasser le bus des étudiants sur son tronçon classique (Calavi- station Légba). Oh combien n’avais-je pas vaincu ce tronçon à pieds ? . Ce jour-là c’était ma première victoire sur ma condition étudiante. (je continue l’histoire demain. Je suis fatigué. Faut que je dorme un peu) Merci à vous. Ne dormez pas sans rêver.

Coup de gaz 2

Donc je venais d’acquérir le premier véhicule à moteur de ma vie. C’était le 6 mai 2008. C’était à coup de plusieurs années de déclamation poétique (avec Bienvenu Kpokoun et la compagnie TOZO). Qu’est-ce que j’avais du être patient face au rêve. J’avais trouvé l’idée du rêve, comme un génie (rapidement) et parcouru le chemin de son accomplissement comme une tortue (lentement). Mais une chose était certaine, j’avais bien la force de ma conquête du début jusqu’à la fin. Puis un jour, donc le 6 mai 2008, j’ai reçu la somme de 300 mille francs pour doter ma première épouse, une skygo noire et grise, belle et brillante comme le soleil ( enfin, à mes yeux). Mais là n’est pas l’histoire. L’histoire c’était tout ce que je me promettais de faire quand j’attendais de l’acquérir , et tout ce que j’ai réussi à ne pas faire comme prévu une fois que je l’avais acquise. Le décalage… Mince ! Bon, allons ! On ne va pas s’y éterniser, l’histoire vient à peine de commencer, reprenons-la demain, à partir de là où je la gare aujourd’hui…

Coup de gaz 3

…donc ce jour là, je prends ma moto toute neuve et quel est le tout premier acte de bravoure (certains dirons que c’est un acte de foi) que je pose ?

Je vais à l’église… Était-ce pour remercier quelqu’un ? Non je ne crois pas. C’était plutôt pour engager quelqu’un. Un gardien pour ma moto. Je voulais d’un gardien expérimenté, hors pairs, efficace qui pouvait protéger mon bien de ceux que vous connaissez. Et je l’ai trouvé à l’église sainte Thérèse de Godomey. Ce soir là, j’y suis entré, j’ai garé ma moto, je me suis déchaussé, je me suis agenouillé, puis je me suis relevé et je suis reparti avec quelqu’un qui gardera non seulement ma moto nuit et jour mais aussi ma vie à chaque fois que je poserais mes mains sur le guidon de cette moto, pour traverser à folle vitesse cette ville folle comme chacun de nous traverse à folle vitesse cette vie folle. Oh ! Combien n’ en ai-je pas vu tomber devant moi, ou succomber juste derrière moi dans ce même trafic routier. Pourtant mon gardien ne m’a pas laissé tomber. Je n’ai pas succombé. Même ce jour là où, sortant de l’université en direction de Calavi… Bon. Je vous reviens demain. Ne soyez pas impatient, la vie va à son rythme.

Coup de gaz 4

… je venais d’engager un gardien. Un gardien extraordinaire. Comment était-il extraordinaire, vous le verrez bientôt. Je me rappelle qu’un jour, plus précisément un soir, je passais sous les roues d’une (12 roues). Une douze roues, c’est ce que nous appelons communément « Berliet ». Ce soir- là, alors que j’étais encore dans le tourmente du film de toute ma vie vieille d’environs 24 ans — ce film m’est passé dans la tête, entièrement, en l’espace record de 2 secondes maxi — il m’a semblé que mes oreilles ont choppé au passage un juron du jeune conducteur , vautré en hauteur. Il disait « Oh je vais te tuer seulement ». J’ai repris mes esprits quelques minutes plus tard; j’étais avec ma petite amie; nous rentrions chez nous; nous venions de boucler trois bonnes heures d’une trépidante réunion de coordination — c’était l’habitude à l’Ensemble Artistique et Culturel des Etudiants—. Il devait sonner environ 00H; la voie bitumée inter-état 2 était en chantier; nous allions de l’Université en direction de Calavi-Kpota; il y avait beaucoup de poussière dans mes yeux, pourtant je voyais très bien la route; un camion de 18 roues me précédait et me remplissait d’avantage les narines de cette poussière de goudron; j’en avais marre, je voulais le doubler; un groupe de jeunes m’a doublé ; j’ai suivi le groupe dans cette course sans danger ; ma petite amie ne voyait pas la voie, heureusement alors. 
Tout est arrivé alors que mon gaz, coincé dans la paume de ma main, mon moteur poussé à bout de souffle j’arrivais à hauteur de la tête du camion. C’est là que j’ai vu l’homme me faire de grands signes de main dans la nuit noire de cette route si noire : les secondes d’après pouvaient être noires si la fille d’autrui assise derrière moi n’était restée impassible ; si je n’avais su dans un réflexe dextre , dompter respectivement mes deux freins , mon guidon et mon levier vitesse; si l’homme du camion que j’essayais de dépasser n’avait accélérer pour décupler la portée de mon freinage. C’est là que j’ai vu le messager raté de ma perte. Il est passé à une seconde de ma mort et moi je suis resté du côté de la vie. 
Je n’ai pas une forte culture des dates, je ne me rappelle pas de la date de ce fait mais je sais que ce jour là je me suis rappelé de ma date de naissance. J’ai pensé à ma mère et j’ai vu, moi, étalé sur le goudron noir et elle se vidant à coup de larmes et lâchant son âme qui la veut. J’ai aussi vu plein d’autres choses que seul moi, ai continué à voir plus tard… Seul, moi avec mon gardien. Il se fait tard, il faut que je vous lâche à vos affaires de nuit. Ne doublez personne dans la nuit, même pas votre femme.

 

Coup de gaz 5

Dans le précédent coup de gaz, je venais de passer sous les grosses roues d’un camion Berliet. Enfin, ce n’est jamais arrivé pour de vrai. J’ai connu toutes les étapes avant le drame, et aucune étape après le drame. A présent, me voici tonifié par la frayeur d’une mort ratée. Je tenais encore bien ferme mon guidon ; ma vie. C’est là que je l’ai entendue dire « Qu’est ce qui s’est passé ? ». Elle, c’est ma petite amie. elle était assise derrière moi. Non pas parce qu’elle n’avait pas vécu le pré-drame, mais parce qu’elle n’arrivait pas à réaliser par la quelle stratagème fécond, le drame avait été avorté. A cet instant, malgré la fraîcheur de l’air, ce sont de grosse gouttes de frayeurs qui dégoulinent sur mon corps à moi, planté à l’angle du terre plein droite , moto éteinte, phare baissée , esprit alerte, cœur battant , rattrapant mes pensées que quelques secondes plutôt, ma tête avait jetées à l’emporte pièce. Cette nuit là j’ai dormi ; malgré tout. j’ai dormi avec la hantise que ma belle moto pouvait me conduire a plusieurs autres endroits indésirable. Faites attention à les conduire, plutôt que ce soient elles qui vous conduisent (les motos comme les femmes) 14 février.

Une réflexion sur “Ma vie au Guidon (Coup de gaz)

Laisser un commentaire